Même les codes vestimentaires les plus stricts de Buckingham n’ont jamais empêché Elizabeth II d’afficher une palette de couleurs inattendue. Une teinte domine pourtant, choisie systématiquement lors d’événements clés, au point d’en devenir une signature.
Derrière ces choix vestimentaires, des astuces soigneusement gardées ont permis à la souveraine de se distinguer tout en respectant la tradition. Les détails de ces préférences et de cette stratégie colorée révèlent une facette méconnue de son règne.
Un style royal qui a marqué les esprits
La galerie d’images du royaume-uni ne laisse aucun doute : la reine Elizabeth II a imposé sa marque, décennie après décennie. Des chroniqueurs comme Robert Hardman, on le retrouve notamment dans The Daily Mail, n’ont rien laissé passer. Tout était pensé dans ses tenues : la forme du chapeau, la teinte du manteau, le choix des accessoires. Sa majesté composait un tableau vivant, orchestré avec minutie. Elle avançait entre codes ancestraux et touches contemporaines, sans jamais franchir la ligne de la fantaisie gratuite.
Les photos du jubile platine signées Ranald Mackechnie en témoignent : la reine s’affiche en symbole de continuité, chaque détail vestimentaire pesé à la loupe. Selon le contexte, les couleurs changent : des tons pâles à Balmoral, des couleurs franches lors des rassemblements majeurs. Certes, la famille royale britannique cultive la sobriété, mais Elizabeth ose des contrastes marquants. On se souvient de la robe jaune citron pour le mariage de William et Kate, du manteau bleu roi lors du G7 : chaque nuance accompagne un message.
Pour Elizabeth reine, la mode dépasse la simple coquetterie. Elle façonne une identité visuelle forte, repérable par tous, même au fond d’une foule. Les règnes britanniques et l’image du règne s’inscrivent aussi dans cette scénographie méticuleuse. Chaque apparition, chaque couleur, chaque accessoire ajoute une pièce à l’édifice d’un style devenu une référence nationale.
Pourquoi Elizabeth II portait-elle autant de couleurs vives ?
Chez la reine Elizabeth II, aucune couleur n’était choisie à la légère. Sur la pelouse écossaise ou lors des garden parties à Buckingham Palace, la teinte de ses tenues obéissait à une logique claire : il fallait se démarquer. Angela Kelly, habilleuse et confidente, l’a confié dans son livre The Other Side of the Coin : la reine voulait que « chacun puisse dire : “J’ai vu la reine” ». Un manteau fuchsia ou un tailleur vert pomme : voilà comment elle s’assurait de ne jamais passer inaperçue.
Le vestiaire royal s’est ainsi construit comme une palette vibrante de robes et de chapeaux aux couleurs affirmées. Mais ce choix allait bien plus loin que l’apparence. C’était un vrai langage silencieux, presque diplomatique. Dans la foule, sur le parvis d’une cathédrale, la reine d’Angleterre captait tous les regards, immédiatement identifiable pour ses sujets, les photographes, les officiels. Les couleurs franches devenaient son outil, une façon d’exister au milieu de la multitude.
La touche d’Angela Kelly se reconnaît dans chaque détail : le cuir vernis lisse du sac, un chapeau turquoise posé sur un manteau citron, la précision des accessoires. La reine Elizabeth déployait une garde-robe presque théâtrale, mais savamment orchestrée. Loin des tendances éphémères, ses vêtements racontaient une histoire de visibilité, de présence, et d’une forme de modernité discrète.
Le bleu : simple préférence ou véritable signature ?
Le bleu royal : caprice ou manifeste ? À voir les albums de presse, la réponse saute aux yeux. La reine Elizabeth II l’a adopté sous toutes ses formes, du bleu roi éclatant au pastel le plus doux, en passant par l’azur et l’outremer. Dans le style reine d’Angleterre, le bleu n’est pas un simple invité, il s’est imposé comme un repère.
Le biographe Robert Hardman l’a calculé : plus d’un tiers des apparitions officielles de la reine Elizabeth se font en bleu. Ce n’est pas un détail. Cette couleur incarne la fiabilité, la loyauté, la sérénité. Des valeurs au cœur de la fonction d’une souveraine garante de la stabilité du Royaume-Uni. La mode devient alors une façon d’exprimer subtilement un message d’unité et de continuité.
La cérémonie du jubile platine en est l’illustration parfaite : manteau bleu glacier, chapeau assorti, gants parfaitement coordonnés. Un ensemble, une couleur, une intention claire. Les conseillers de Sa Majesté l’avaient compris : le bleu apaise, fédère, rassure. Il traverse les époques, des landes de Balmoral à la frénésie de Londres, sans jamais perdre de sa force.
Quelques exemples permettent de mesurer à quel point le bleu rythmait les moments-clés de sa vie publique :
- Mariage de Charles et Camilla : bleu pâle
- Réceptions d’État : bleu saphir ou marine
- Visites officielles à l’étranger : turquoise ou azur
Par son vestiaire, la reine Elizabeth a transformé le bleu en signature, en signal, en étendard personnel.
Petits secrets et astuces derrière ses looks iconiques
Direction l’atelier feutré où se préparait, chaque semaine, le vestiaire de Sa Majesté. Rien n’y était laissé à la chance. Depuis des décennies, la maison de maroquinerie londonienne Launer fournissait les célèbres sacs en cuir vernis, inséparables de la reine Elizabeth II. Toujours compacts, à poignée stricte et fermoir doré, ces sacs n’étaient pas de simples accessoires : d’un geste, elle communiquait à ses équipes qu’il fallait écourter un échange.
La collaboration étroite avec Angela Kelly, styliste et confidente, a affiné l’allure royale. Le choix des tissus infroissables servait une fonction précise : résister aux vents de l’Écosse ou à l’humidité de Sandringham. Les ourlets, lestés de minuscules poids, gardaient les robes en place quoi qu’il arrive. Les chapeaux, toujours en harmonie, étaient l’œuvre de modistes triés sur le volet. Un art subtil, entre respect des traditions et recherche de fraîcheur, sans jamais tomber dans l’excès.
Et les chaussures ? Confectionnées sur-mesure par Anello & Davide. Même cambrure, même hauteur de talon à chaque fois, pour garantir un confort sans faille. Une employée, chaussant la même pointure que la reine, avait pour mission d’assouplir les souliers avant qu’ils n’arpentent tapis rouges et pelouses officielles. Si la famille royale britannique a parfois essayé d’emboîter le pas, personne n’a réussi à égaler l’élégance silencieuse d’Elizabeth II, une leçon transmise de Windsor à Kensington, discrètement, mais gravée dans l’histoire.
Les couleurs de la reine n’ont jamais été de simples choix vestimentaires. Elles sont devenues un langage, un repère pour des générations entières, une façon de rappeler que, même dans le protocole le plus strict, l’individualité sait trouver son chemin.


